samedi 30 mars 2019

Les sources de la légende du Chevalier au Cygne

La légende du Chevalier au Cygne apparaît à la fin du XIIème siècle, et dès son origine elle se rattache à la figure historique de Godefroy de Bouillon : la première trace écrite que nous en ayons est une lettre de Gui de Bazoches, chanoine de Chalons et chroniqueur de la troisième croisade. Dans cette lettre, écrite entre 1175 et 1180, Gui de Bazoches mentionne le Chevalier au Cygne comme aïeul de Baudouin, le frère de Godefroy de Bouillon. Notre histoire est donc une de ces légendes dynastiques par lesquelles les puissants lignages de jadis aimaient à se rêver des ancêtres fabuleux, héros ou divinités.

L'histoire du Chevalier est attestée au Moyen Âge sous de nombreuses formes et dans diverses langues. Des allusions y sont faites dans des écrits de langue latine, et une saga norvégienne du XIIIème siècle, rédigée dans l'entourage du roi Hákon IV Hákonarson, la rattache au cycle de Charlemagne et place le Chevalier au nombre des paladins de l'empereur à la barbe fleurie. 

Toutefois, c'est en France et en Allemagne que la légende a connu le plus grand rayonnement. On peut supposer qu'elle s'est diffusée depuis les contrées limitrophes de la France et de l'Empire, des régions à l'allégeance incertaine et mouvante, où les domaines linguistiques se jouxtaient, et où s'enchevêtraient les alleux et les fiefs (tel ce Barrois mouvant d'où vint Jeanne d'Arc, qui était terre d'Empire et fief du roi de France). Peut-on préciser d'avantage ? On peut en tout cas former des hypothèses. Plusieurs indices semblent rattacher la légende à la Lorraine. Tout d'abord, bien sûr, Godefroy de Bouillon, le descendant supposé du Chevalier, fut duc de Lorraine. Par ailleurs, le père du Chevalier, dans une des versions du récit, se nomme Lothaire, or la Lorraine n'était autre que l'ancienne Lotharingie. Enfin le nom allemand du Chevalier provient de celui d'un héros des chansons de geste françaises, Garin le Lorrain, c'est à dire le Loheran Garin dans la langue de l'époque : du Loheran Garin, par déformation, les conteurs allemands ont fait Lohengrin. Or Garin le Lorrain était duc de Lorraine dans nos épopées, où il est le héros principal d'un groupe de chansons : la Geste des Lorrains, qui narre une épouvantable guerre entre deux clans féodaux, les seigneurs de Lorraine et ceux du Bordelais. En France, Garin le Lorrain n'était pas le Chevalier au Cygne, mais il est significatif que le nom de ce personnage, héros régional de la Lorraine, soit devenu en Allemagne celui du Chevalier.

Cela ne signifie pas, cependant, que la Lorraine soit l'origine ultime de la légende. Si l'on pouvait remonter au-delà du XIIème et suivre son cheminement à travers les siècles muets où l'écriture nous fait défaut, sans doute s'apercevrait-on qu'elle se relie à d'antiques mythes celtiques et germaniques, dans lesquels le cygne était un oiseau divin et psychopompe. Mais sonder ces profondeurs nous entraînerait trop loin pour aujourd'hui. Il y a dans les récits irlandais, saxons et scandinaves, des parallèles intéressants à la légende du Chevalier : je les évoquerai dans un futur billet.

Quoi qu'il en soit, la légende du Chevalier au Cygne s'est scindée pour ainsi dire en deux branches, a pris en France et en Allemagne deux formes assez différentes, chacune de ces deux principales versions présentant, bien sûr, plusieurs variantes parfois considérables. 

En France, la légende du Chevalier se présente sous la forme d'un groupe de chansons de geste, dont les auteurs sont anonymes et que l'on peut dater, sans plus de précision, de la fin du XIIème siècle. Ces récits constituent ce qu'on pourrait appeler une trilogie, qui se compose des textes suivants :

1) La Naissance du Chevalier au Cygne (Elioxe/Beatrix/Isomberte)
2) Le Chevalier au Cygne
3) La Fin d'Elias

Précisons qu'il existe, de la Naissance du Chevalier au Cygne, plusieurs versions très divergentes que l'on distingue par les différents noms qu'elles prêtent à la mère du Chevalier, qui s'appelle tantôt Elioxe, tantôt Beatrix, tantôt Isomberte. Pour le reste, en dépit de variantes, la tradition est assez unanime, et bien que l'histoire ait été plusieurs fois réécrite, elle est assez stable en ce qu'elle nous apprend de la destinée d'Elias. Car tel est le nom français du Chevalier au Cygne, un nom qu'il faut rapprocher de celui qui est sans doute le nom originel de sa mère, et que j'ai personnellement fait le choix de retenir : Elioxe.

Le Chevalier au Cygne : Les Origines, le premier ouvrage que Nicolas Doucet et moi-même sommes en train de réaliser, et qui doit prendre forme en octobre prochain si suffisamment de contributeurs nous honorent de leur confiance, reprendra la substance de La Naissance du Chevalier au Cygne. J'ai puisé, pour en composer le texte, à plusieurs versions auxquelles j'ai voulu emprunté les traits les plus pittoresques et les plus poétiques : en somme, j'ai voulu distiller la substantifique moelle de la légende. Un second ouvrage, qui paraîtra en 2020, mènera jusqu'à sa conclusion l'histoire du Chevalier, en puisant sa matière aux textes médiévaux du Chevalier au Cygne et de la Fin d'Elias. C'est donc un diptyque que Nicolas et moi allons proposer à nos lecteurs.

Et les versions allemandes, dans tout cela ? Elles sont aujourd'hui les plus connues, en raison de l'adaptation qu'en a donné Wagner, sous la forme de son fameux opéra Lohengrin. Pourtant, je ne m'en suis presque pas servi, non que je n'aime pas Wagner, mais tout simplement parce que mon but était de proposer un récit différent : redire, par le texte et le dessin, la même histoire que Wagner a déjà immortalisée par sa musique n'aurait pas eu grand intérêt. Par ailleurs, je suis avant tout un amoureux des chansons de geste de langue d'oïl, et je cherche depuis des années à les faire connaître et aimer : puiser aux sources françaises était donc pour moi une évidence. Mais je vais tout de même vous dire quelques mots des sources médiévales allemandes qui ont été celles de Wagner.

C'est l'écrivain Wolfram von Eschenbach qui, vers 1210, a fait entrer le Chevalier au Cygne dans la littérature allemande, à travers son roman Parzival, adaptation en langue germanique du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, qui narrait les aventures du jeune chevalier Perceval et mentionnait, pour la première fois, le thème mystérieux, poétique et déjà mystique du Graal, promis à un bel avenir littéraire. Wolfram a traité le récit de Chrétien de Troyes avec une grande liberté, et surtout il lui a ajouté une conclusion que l'on ne trouve dans aucun récit français. 

Parzifal devient, sous sa plume, le maître du château de Montsalvage, où des chevaliers élus ont pour fonction de garder le Graal. Il a un fils, Loherangrin (on voit que le nom du Loheran Garin est en train de se transformer en "Lohengrin", c'est une forme intermédiaire). Or, le Graal, chez Wolfram von Eschenbach, n'est pas un plat portant une hostie comme chez Chrétien de Troyes (le sens originel du mot "graal"  est celui d'un large plat évasé, et c'est un nom tout à fait commun qui a même une forme au pluriel, on parle d'"un graal, des graaux") ni un calice contenant le sang du Christ, mais une pierre précieuse, sur laquelle apparaissent de temps à autres, de manière surnaturelle, des inscriptions qui sont autant de messages célestes, investissant de périlleuses missions les chevaliers de Montsalvage. C'est à la suite de l'un de ces messages que Loherangrin partira, dans un nef tirée par un cygne, pour accomplir sa destinée... 

Cette histoire sera maintes fois réécrite au cours du Moyen Âge, et c'est d'elle que Wagner s'inspirera pour créer son opéra, mais bien sûr ce compositeur inventif, au génie créateur puissant, animé d'idées et d'intentions bien éloignées de celles du Moyen Âge, était de force à ployer la légende à ses propres fins.

Il y a donc deux différences essentielles entre les versions françaises et allemandes de la légende. 

Tout d'abord, l'histoire d'Elias se rattache à la matière de France, dont le cycle de la Croisade est une branche, alors que celle de Lohengrin se relie à la matière de Bretagne et au monde arthurien. 

En outre, Elias est surtout un ancêtre, le fondateur d'un lignage promis à une glorieuse destinée, l'aïeul de Godefroy de Bouillon. En revanche, en faisant de Lohengrin le fils de Parzifal, Wolfram von Eschenbach a considérablement atténué et presque éliminé cette dimension fondatrice : chez lui, Lohengrin est surtout un descendant. Il clôt un lignage : l'histoire des chevaliers du Graal se referme avec lui, et même s'il a des enfants, ceux-ci n'hériteront pas de sa destinée, ni du lien avec le Graal qui faisait de lui un personnage hors du commun.

samedi 23 mars 2019

Chansons de geste : reprenons les bases

Les lecteurs historiques de ce blog, si tant est qu'il en reste, n'ont probablement pas besoin qu'on leur explique ce que sont les chansons de geste. Mais pour ceux qui voudraient prendre le train en route, il n'est peut-être pas inutile de rappeler de quoi il s'agit, et d'exposer, par ailleurs, pourquoi je m'efforce d'arracher à l'oubli ces textes obscurs.

Dans la France du Moyen Âge, mettons du XIIe au XVe siècle, la littérature narrative profane en langue vulgaire (comprenez : écartons d'emblée du problème la littérature cléricale de langue latine), se divisait essentiellement en trois matières, que nous pourrions appeler des cycles littéraires, des ensembles narratifs englobant chacun un grand nombre d’œuvres éparses, mais reliées les unes aux autres, au sein de chaque cycle, par des thématiques communes et des personnages récurrents.

Il y avait donc la matière de Rome (qui regroupait tous les récits, mythologiques ou non, hérités de l'Antiquité : par exemple la guerre de Troie ou l'histoire d'Alexandre le Grand, pour ne citer que deux des plus populaires), la matière de Bretagne (c'est à dire la légende arthurienne et, plus largement, l'ensemble des récits, tels que les fameux lais de Marie de France, s'inspirant du merveilleux des Celtes insulaires, qu'ils se rattachent ou non à Arthur) et enfin celle qui nous intéresse ici, la matière de France.

Attestée dès la fin du onzième siècle (c'est à dire un siècle avant les premiers textes arthuriens de langue française) la matière de France prend la forme d'un ensemble d'épopées, les chansons de geste (des poèmes destinés à l'origine à une déclamation accompagnée de musique, à l'instar des épopées homériques que chantaient dans l'Antiquité les aèdes grecs) prenant pour sujets les exploits de personnages historiques ou légendaires se rattachant au passé de la France et plus particulièrement à l'époque carolingienne, telle que pouvaient la concevoir les trouvères du douzième ou du treizième siècle : des héros tels que Roland et Olivier, Ogier le Danois, les quatre fils Aymon, l'enchanteur Maugis, Guillaume d'Orange, le Chevalier au Cygne et bien d'autres encore... Ces héros gravitent autour de Charlemagne, personnage qui est le centre et le pivot de la matière de France comme peut l'être Arthur pour la matière de Bretagne (ce qui ne veut pas dire que ces rois soient les héros, ou même les personnages principaux, de toutes les œuvres où ils apparaissent). Le grand thème de la plupart des chansons de geste est la guerre, en particulier la guerre des Chrétiens contre les Sarrasins : beaucoup sont des chants héroïques pleins de bruit et de fureur, retentissant de faits d'armes et vibrant d'une énergie farouche. (Mais n'en concluons pas que toutes seraient semblables : on trouve aussi, dans la matière de France, de romanesques poèmes d'aventures et d'amours, voire des récits drolatiques pleins de verve.) La célèbre Chanson de Roland est aujourd'hui la seule de ces épopées dont se souvienne le grand public. Il faut savoir qu'il en existe  non moins d'une centaine, dont beaucoup sont de véritables chefs d'oeuvre.

Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, les chansons de geste ne sont pas, même en substance, même en faisant la part de l'enjolivement poétique, des récits historiques. Leur atmosphère n'est pas celle de l'Histoire, et la plupart des récits qu'elles narrent sont des fictions, auxquelles certains faits historiques servent parfois, tout au plus, d'inspiration ou d'amorce. Les poètes du moyen âge dit "central" ou "classique" ont projeté sur le passé carolingien les conceptions, les moeurs, les usages et les réalités de leur temps : les chansons de geste sont donc pétries d'anachronismes. C'est pourquoi Charlemagne y est un roi de France, arborant les armoiries fleurdelysées des Capétiens, et non un simple roi des Francs. Les héros sont des chevaliers et des paladins (avec tout ce que cela implique de sens de l'honneur un peu fantasque, voire déjà de courtoisie raffinée et de sensibilité à l'amour dans certains de nos poèmes) non de simples soldats ou guerriers comme pouvaient l'être les hommes d'armes du Haut Moyen Âge. Ce sont aussi des barons, des seigneurs féodaux tenant leurs fiefs de manière héréditaire et avec une jalouse autonomie, tout comme leurs homologues de l'époque capétienne. 

Outre l'anachronisme, l'élément qui distingue le plus nettement l'atmosphère des chansons de celle des chroniques historiques est la présence du merveilleux. Dans nos épopées, comme dans celles d'Homère, le merveilleux tient en effet une large place. Merveilleux chrétien, d'abord : on y voit Dieu et ses saint, les anges et les démons se mêler des affaires et des combats des mortels, comme le font les dieux de l'Olympe dans l'Iliade. Mais merveilleux païen également, car nos chansons de geste sont aussi pleines de géants et de nains, de luitons (les ancêtres médiévaux de nos lutins),  de magiciennes et d'enchanteurs, d'objets magiques et d'épées mythiques (telles que la fameuse Durendal, qui vaut bien Excalibur), d'animaux fabuleux et d'êtres surnaturels tels qu'Obéron, le roi de Féerie, qui n'est pas l'invention de William Shakespeare mais bel et bien la trouvaille d'un poète médiéval de langue française : il fallait tout de même que ce soit dit !

En somme, ce que j'essaie de vous dire, peut-être trop pesamment, c'est que les chansons de geste sont notre mythologie. Nous n'en faisons généralement pas grand cas, mais elles sont la mythologie de la France, et il me semble que, ne serait-ce que pour cette raison, nous devrions en prendre quelque soin. Ne croyez-vous pas ? Tenez, je vais me permettre une petite digression. L'une des motivations de J. R. R. Tolkien, pour créer les récits de sa Terre du Milieu, était de donner une mythologie à l'Angleterre, car il ressentait cruellement l'absence d'une véritable mythologie anglaise, liée à l'Histoire, au sol et à la langue de son pays. De ce désir sont sortis les chefs d’œuvres que l'on sait. Mais nous autres Français, si nous n'avons pas de Tolkien, nous avons tout de même une chance que Tolkien nous aurait enviée : nous sommes les héritiers d'une mythologie qui nous est propre, au sens où l'entendait ce grand écrivain. Car les chansons de geste se rattachent à notre Histoire (elles sont ancrées dans le passé de la France), à notre sol (beaucoup de hauts lieux de nos épopées existent vraiment et se trouvent en France, à commencer par l'abbaye de Saint-Denis, véritable cœur spirituel de la "doulce France" des chansons de geste) et à notre langue (les chansons de geste sont, en grande majorité, des poèmes de langue d'oïl ; quelques unes sont composées en langue d'oc). Ne devrions-nous pas avoir quelque gratitude, quelque piété filiale pour cet héritage ? 

Je suis de ceux qui croient que si. Je voudrais que nous fassions vivre ce patrimoine (qui ne survit plus aujourd'hui qu'à travers les travaux d'une poignée d'érudits ne s'adressant qu'aux seuls universitaires), et que nous lui permettions de reprendre corps, de s'enraciner de nouveau dans le terreau de la culture populaire et vivante. Ce n'est pas impossible. Les Anglo-Saxons ont su le faire,  à travers le cinéma et les séries télévisées, pour la légende arthurienne, qu'ils avaient quelque droit de considérer, dans une certaine mesure, comme leur propre mythologie. Mais Hollywood ne sauvera pas la matière de France à notre place. C'est notre patrimoine : c'est à nous qu'il revient de l'aimer, de l'entretenir et de la transmettre. Et si nous ne le faisons pas, les chansons de geste sombreront dans dans une obscurité que les études savantes ne suffiront pas à éclairer (car un pan de culture qui n'est connu que par les travaux d'universitaires, et dans d'étroits cénacles de spécialistes, est pour ainsi dire mort). Ce sera un trésor de beauté et de poésie perdu, une constellation de merveilles disparue au firmament de notre littérature. 

Pour ma part, je ne veux pas qu'il en soit ainsi.

mercredi 20 mars 2019

Le Chevalier au Cygne

Chers et hypothétiques lecteurs,

Poursuivant ma noble tâche de transmission des légendes et des épopées de France la doulce, j'ai uni mes forces à celles de Nicolas Doucet, talentueux dessinateur (que vous connaissez peut-être déjà pour sa série de bandes dessinées Les Familius) afin de concocter un nouveau projet de livre.

Il s'agit d'un ouvrage pour lequel deux volumes sont d'ors-et-déjà prévus, et qui s'intitulera Le Chevalier au Cygne. J'en composerai le texte, en m'appuyant comme à mon habitude sur les diverses chansons de geste médiévales qui nous content cette très ancienne et très belle histoire. Nicolas Doucet, de son merveilleux coup de crayon, illustrera le récit avec panache.



La légende du chevalier au cygne est bien sûr connue de nos jours surtout par le célèbre opéra Lohengrin qu'en tira Wagner, qui se basait pour ce faire sur les sources germaniques. L'un des intérêts de notre projet est que je me servirai essentiellement des sources français ; car, on l'ignore parfois, cette légende fait l'objet de plusieurs épopées de langue d'oïl qui ne sont ni moins belles, ni moins anciennes que les textes allemands utilisés par Wagner, et qui se rattachent à l'une des branches de la matière de France. C'est donc une version très différente de celle que vous connaissez déjà par Wagner, bien que tout aussi authentique, que nous allons vous proposer.


Vous pouvez voir la présentation de notre projet en suivant ce lien. C'est également là qu'il vous sera possible, si vous le souhaitez, de nous soutenir pour que nous puissions mener ce projet à bonne fin, en contribuant à la campagne de financement participatif par laquelle nous espérons le rendre possible.

Une autre manière de nous aider consiste à partager cette annonce autour de vous. 

Merci d'avance à tous ceux qui nous soutiendront d'une manière ou d'une autre !