"Vers la fin de sa vie et quand déjà la vieillesse et la maladie l'accablaient, Charles appela près de lui son fils Louis, roi d'Aquitaine, le seul des enfants mâles qu'il avait eus d'Hildegarde qui fût encore vivant. Ayant en même temps réuni, de toutes les parties du royaume des Francs, les hommes les plus considérables dans une assemblée solennelle, il s'associa, du consentement de tous, ce jeune prince, l'établit héritier de tout le royaume et du titre impérial, et, lui mettant le diadème sur la tête, il ordonna qu'on eût à le nommer empereur et auguste.
Ce parti fut applaudi de tous ceux qui étaient présents, parut inspiré d'en haut pour l'avantage de l'État, rehaussa la majesté de Charles, et frappa de terreur les nations étrangères. Ayant ensuite envoyé son fils en Aquitaine, le roi, suivant sa coutume, et quoique épuisé de vieillesse, alla chasser dans les environs de son palais d'Aix. Après avoir employé la fin de l'automne a cet exercice, il revint à Aix-la-Chapelle au commencement de novembre pour y passer l'hiver. Au mois de janvier, une fièvre violente le saisit, et il s'alita.
Dès ce moment, comme il le faisait toujours quand il avait la fièvre, il s'abstint de toute nourriture, persuadé que la diète triompherait de la maladie, ou tout au moins l'adoucirait, mais à la fièvre se joignit une douleur de côté que les Grecs appellent pleurésie. Le roi, continuant toujours de ne rien manger, et ne se soutenant qu'à l'aide d'une boisson prise encore en petite quantité, mourut, après avoir reçu la communion, le septième jour depuis qu'il gardait le lit, le 28 janvier, à la troisième heure du jour, dans la soixante-douzième année de sa vie et la quarante-septième de son règne.
Son corps lavé et paré solennellement, suivant l'usage, fut porté et inhumé dans l'église, au milieu des pleurs et du deuil de tout le peuple. On balança d'abord sur le choix du lieu où on déposerait les restes de ce prince qui, de son vivant, n'avait rien prescrit à cet égard ; mais enfin on pensa généralement qu'on ne pouvait l'enterrer plus honorablement que dans la basilique que lui-même avait construite dans la ville, et à ses propres frais, en l'honneur de la sainte et immortelle Vierge, mère de Dieu, comme un gage de son amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ses obsèques eurent lieu le jour même qu'il mourut. Sur son tombeau, on éleva une arcade dorée, sur laquelle on mit son image et son épitaphe. Celle-ci porte :
« Sous cette pierre, gît le corps de Charles, grand et orthodoxe empereur, qui agrandit noblement le royaume des Francs, régna heureusement quarante-sept ans, et mourut septuagénaire le 5 des calendes de février, la huit cent quatorzième année de l'incarnation du Seigneur, à la septième indiction. »"
Collection des mémoires relatifs à l'Histoire de France, "Vie de Charlemagne, par Eginhard", M. Guizot, Paris, 1824
Je me demande dans combien de cours d'école françaises on chante encore comme cela se faisait quand j'étais enfant, en jouant à la balle :
RépondreSupprimerCharlemagne
Roi d'Espagne
Empereur
Des seigneurs
Ah tiens moi c'était roi des vainqueurs ; mais je n'ai pas appris cette chanson à mes enfants
SupprimerJe ne la connaissais pas.
SupprimerSic transit gloria mundi.
RépondreSupprimerBen oui.
SupprimerJe n'aurais pas cru que la pleurésie était déjà connue à l'époque des Grecs !
RépondreSupprimerIls sont forts, ces Grecs !
Supprimermerci Mat
RépondreSupprimersi si , la pleurésie était connue des grecs.. je me souviens avoir vu qu'ils " plantaient un roseau " dans la pleurésie pour essayer de faire sortir le liquide. ( pas de " doc " à vous donner ).
on mésestime un peu les "anciens" .
Les quatorze et quinzième années du siècle sont souvent remarquables en France.
RépondreSupprimer(mort de Charlemagne, Bouvines, naissance de Saint-Louis, mort de Philippe Le Bel, Azincourt, Marignan, mort de Louis XIV, Waterloo, première guerre mondiale, François Hollande...)