lundi 9 septembre 2013

Le changement, c'est maintenant.

Cet automne, je vais changer de domicile, de ville, de région et de métier. Autant de nouveautés qui m'enthousiasment et me donnent des envies de nouveau départ. Je crois donc le moment bien choisi pour changer de manière de bloguer. Pour cela, j'ai fait le bilan de trois ans d'activité bloguesque, et voici les leçons que j'en ai retirées :

1) Bloguer, c'est chouette.

Non seulement c'est un loisir plutôt plaisant, mais en plus il vous donne l'occasion de rencontrer des gens. J'ai fait la connaissance de plusieurs personnes que j'apprécie grâce à ce blog. J'aime bien ça et je n'ai aucune envie d'arrêter.

2) Il ne faut pas attendre plus des blogs que ce qu'ils peuvent donner.

Faire la présentation, sur un blog, d'un cycle littéraire complet, n'est pas un objectif réaliste. Le format ne s'y prête pas, et les longues suites de billets nécessaires à l'approfondissement d'un sujet sont fastidieuses pour tout le monde.

Quand on veut traiter en profondeur un sujet d'érudition, il faut écrire une thèse, pas un blog.


3) La matière de France n'intéresse personne.

Mes lecteurs me font l'amitié de venir me visiter non pas en raison du thème du blog, mais malgré lui. Ils ne viennent pas pour la grandiose geste de Charlemagne et de Roland, mais pour les plaisanteries sur les hippopotames et les Turcs au lard. Pour moi, ce fut une leçon un peu difficile à avaler, mais enfin je m'y rends.

4) Sachons rester concis.

Personne n'a envie de lire des billets interminables sur un écran d'ordinateur. Il convient d'être bref.

5) Un blog doit être amusant.

Ce sont les billets amusants, les curiosités, les anecdotes cocasses qui sont les plus appréciés sur les blogs.

Fort de cette expérience, renonçant à un thème restrictif qui m'a causé beaucoup de frustration et de découragement, je vous invite à me suivre ici. Vous verrez que les choses y seront un peu différentes.

Quant au présent blog, il restera en ligne. Je reviendrai même y pondre un billet de temps en temps, lorsque l'envie m'en prendra.

dimanche 8 septembre 2013

D'Orlando à Orland

Il faut savoir conclure, et ces pérégrinations italiennes n'ont que trop traîné. Je me dispense de m'étendre sur l'Arioste, ayant déjà longuement parlé de lui. Si vous le voulez bien, revenons en France.

Nous sommes à la fin du XVe siècle, sous le règne du beau Charles VIII, le plus Valois de tous les Valois.


Charles VIII s'est nourri d'une littérature chevaleresque dans laquelle la matière de France et ses héros figurent en bonne place. L'idée de conquête le hante, et ses regards sont tournés vers l'Italie, vers le royaume de Naples, et au-delà, vers Jérusalem. Il aspire à la grandeur militaire, et c'est sous le patronage de Charlemagne, qu'il considère comme son ancêtre, qu'il veut placer son règne. Ecoutons Robert Morrissey :

"Très jeune, Charles VIII reçoit de son père, pour lire ou se faire lire, les Grandes Chroniques de France. Son saint patron est bien Charlemagne, et lors de son passage à Chartres en 1484, le jeune roi a sans doute eu l'occasion de se pénétrer davantage de la leçon des Chroniques en voyant le vitrail qui dépeint le voyage du grand empereur à Jérusalem.  [...] Lors de son entrée à Paris en 1492, la nouvelle reine (Anne de Bretagne) est accueillie sur le chemin par un homme représentant Charlemagne, qui la précède jusqu'à Notre Dame. [...]

En fait, il faut placer les faits et geste réalisés en Italie par le successeur de Louis XI sous le signe d'une vision épique dominée par la figure de Charlemagne."

Robert Morrissey, L'empereur à la barbe fleurie, Charlemagne dans la mythologie et l'histoire de France, Gallimard, 1997.

Les signes révélant l'intérêt de Charles VIII pour la figure épique de Charlemagne sont nombreux. Les poètes de cour de l'époque, tels qu'André de la Vigne, comparent souvent le roi à son ancêtre dans les éloges officiels qu'ils lui adressent : en Charles VIII, disent-ils, revit la prouesse de Charlemagne.

Ce regain d'intérêt va-t-il entraîner une renaissance notre matière épique ? Nos chansons de geste, dans cette cour qui s'exalte du souvenir de Charlemagne et de Roland, vont-elles être remises à l'honneur ? Non pas, car les pensées de Charles VIII volent toutes vers l'Italie. Nos gesteurs et leurs épigones ne l'intéressent guère : c'est de poètes italiens, d'artistes italiens qu'il s'entoure. Nos épopées, c'est par l'intermédiaire de leurs versions italiennes qu'on les apprécie à la cour du roi de France. Et lorsqu'un héritier royal naîtra d'Anne de Bretagne, il recevra le nom de Charles-Orland. Pas Roland, mais bel et bien Orland, d'après la forme italianisée du nom du héros. L'enfant ne vécut guère, et c'est bien dommage car, s'il faut accorder à Cratyle quelque crédit, nul doute qu'il eût été le plus grand monarque de l'histoire de France.

Le choix de cette forme italianisée est-il un détail de l'Histoire ? Oui, mais détail révélateur. Désormais, dans le grand monde, c'en est fait de nos chansons de geste et de la branche française de leur postérité littéraire. Bien sûr, le phénomène n'est pas instantané. Louis XII se fait encore dédier une mise en prose luxueusement enluminée d'Ogier le Danois, vieille épopée française, mais ce n'est là qu'un chant du cygne pour notre matière. Au XVIe siècle, l'aristocratie s'en détourne irrémédiablement.

Au sein du peuple, c'est une toute autre affaire, et nos chansons de geste, dérimées, continueront d'y circuler abondamment pendant quatre siècles, sous la forme d'imprimés ornés de gravures naïves, puis de livres de colportages tels que ceux de la Bibliothèque bleue. Certaines sont même adaptées en tant que pièces de théâtre de guignol. Il faudra deux guerres mondiales pour venir à bout de cette littérature populaire, qui fit durablement partie de la culture commune des petites gens.

Et avec ce billet prend fin notre parenthèse italienne.

Pas seulement la parenthèse italienne, d'ailleurs, mais je vous dirai ça demain.

mardi 3 septembre 2013

Le long de l'eau

Je suis un peu débordé en ce moment, alors je vous laisse avec Cécile Corbel.


A très bientôt.